Bharata natyam, le joyau sacré du patrimoine immatériel de l’Inde

Une harmonie de mouvements corporels s’imprègne le parfum de la culture chorégraphique tamoule ; une danse classique originaire de l’Inde du Sud à laquelle s’applique ce que Cunningham disait de la danse  « une chose qui est juste cette chose-là ». Les méandres de cette chose nous échappent dans ce qu’elles recouvrent de chevauchements entre art et pouvoir, entre ésotérisme et expression artistique ; elles nous échappent encore du fait qu’elles sont rétives à toute codification, à toute définition, à la moindre tentative d’interprétation. Il s’agit bel et bien du Bharata natyam.

Appelé auparavant Sadhir Attam, le Bharata natyam est une danse traditionnelle indienne ancestrale, liée, dès son origine, aux pratiques religieuses. Cette danse est transmise de maître à élève depuis plus de 2000 ans. Alternance de danse pure et de danse figurative, le Bharata natyam est accompagné de tambours (mridang), hautbois (nâgasvaram), flûtes (Bansurî), violons et luths (vînâ) ; Son thème est l’amour, un amour sublimé, spirituel. Mis sous silence au XIXe siècle, cet art s’est vivifié au cours du XXe siècle, notamment après l’indépendance.

Sous la « British India », le Bharata natyam a été traversé par une dévalorisation, une dérision et un découragement sans mesure ; En 1910, la danse a été interdite dans les temples sous la présidence de Madras qui représentait la monarchie britannique en Inde, et jugée incompatible avec la « bonne société » indienne. En 1947, après l’indépendance de l’Inde, grâce non seulement à l’intérêt des gouvernements indiens pour le patrimoine culturel du pays mais aussi à l’action de la Fondation Kalakshetra et à plusieurs artistes, le Bharata natyam a été remis au goût de jour et devient le plus populaire en Inde.

La danse est langage. Les sept phases qui caractérisent la danse Bharata natyam : Pushpanjali ou Kautuam, Jathiswaram, Shabdam, Varnam, Padam, Tillana et Mangalam en disent long sur l’état où corps et âmes, créateur et création, apparent et inapparent se fondent en une unique extase.

L’ouverture se fait d’abord par une prière traditionnelle qui écarte les obstacles et ce, sous la présentation du tala (rythme) et le chant de syllabes par la danseuse. Vient ensuite la danse technique et abstraite où le rythme est scandé par le tambour. La troisième phase est accompagnée par un poème ou une chanson sur un thème dévotionnel ou amoureux. Cette danse raconte souvent un récit épique. La quatrième phase constitue le cœur et la partie la plus longue (de 20 à 30 min) du spectacle. Puis arrive la phase où la danseuse exprime des formes d’amour diverses et variées, pour clôturer le spectacle dans une ambiance joyeuse ainsi que par la récitation de quelques versets religieux en forme de bénédiction. Ce qui est particulier dans la danse du Bharata natyam c’est le fait qu’elle évoque toutes les parties du corps (mains, ongles, lèvres, bras, jambes, pieds, hanches, …) en des gestes symbolisant des états d’âme divers et variés. Il convient de souligner également que Nataraja (roi de la danse), cette épithète de Shiva (dieu hindou), est l’inspiratrice des danseurs du Bharata Natyam (Frédéric, 1987). Le Bharata natyam est ainsi une danse qui exprime le retour à l’Être unique d’où tout émane et tout revient, par un aller-retour de l’Énergie vitale.

Par ailleurs, le festival de danse Mamallapuram se tient annuellement en Inde de décembre à janvier, un festival où se retrouvent toutes les danses telles que le Bharatanatyam, le Kathak, le Kuchipudi, le Kathakali et le Mohiniyattam. Ce festival est une occasion de découvrir la richesse de la culture et de la tradition et la sacralité de danse de l’Inde.

Rabat, Maroc
Culte & Cultures, 5 rue Ibn Tofaïl. Les Orangers, 10060.
Info@culteetcultures.ma
+212 537 73 45 13

Culte & Cultures © All Rights Reserved